L’ère de glace

 

L’hiver enserre désormais la péninsule coréenne de toutes ses forces. Le froid a saisi les vies et les a repoussées vers l’intérieur d’habitats artificiels ou naturels. Les humains se couvrent et se recouvrent de couches toujours plus épaisses, les animaux se mettent à l’abri comme ils savent le faire. Les arbres se tiennent, forts et fiers, protégés derrière leur écorce mais nus en attendant le retour de la chaleur et l’eau s’est solidifiée, étouffant le vacarme estival qui la caractérisait quelques mois auparavant.
Rien n’échappe au froid. Même une ville immense comme Séoul, qui produit tant de chaleur artificielle, voit son large fleuve geler tous les hivers. Nous, au chaud dans nos appartements ou nos voitures, grimaçant à l’idée même de sortir, oublions petit à petit que l’hiver apporte un charme transparent et scintillant au soleil de mille reflets : la glace.
Les hivers étant de moins en moins rigoureux, il se peut que par chez vous il ne gèle que peu ou plus du tout. Alors je vais essayer de vous le montrer, cet hiver tout-puissant, pour vous convaincre qu’il a une beauté pour laquelle on peut se passionner. Ce mois-ci je vous re-présente la glace.

Beaucoup l’ignorent, mais l’hiver en Corée est rigoureux. Très rigoureux. Le froid ne s’arrête pas à l’entrée des villes.
Avant de nous évader hors du monde artificiel et urbain qui m’entoure (je veux dire ma ville, Séoul), je veux faire un crochet par le fleuve Han. 

 

L’hiver approche. Devant l'Assemblée nationale et les tours de Yeouido - 여의도, le fleuve commence à transir. Ce saule voit les éclaboussures des vaguelettes fluviales geler à même ses branches. Il ne pleure pas, ce sont des larmes de joie, le soleil se lève et fera sûrement fondre ses nouveaux membres transparents.

 

L’hiver approche. L’eau du fleuve sera bientôt à l’arrêt, en surface du moins. Bientôt, des blocs de glace s’écraseront sur les berges et entonneront une symphonie de craquements sous le débit du fleuve et la lumière du soleil de midi.

 

Mais en attendant, des cailloux qui dépassent de l’eau encore liquide portent un chapeau éphémère. À la fois solide et délicate, cette couche de glace est le signal que le froid emportera bientôt tout sur son passage.

 

L’hiver approche. Il a même un pied dans la porte, il a fait geler les vaguelettes sur les berges.

 

À la fois solide et délicate, cette couche de glace est le signal que le froid emportera bientôt tout sur son passage. Et cette glace arrivera à monter plus haut que la pierre…

 

L’hiver est là. Le soleil s’est couché, le froid fait son œuvre et fige le fleuve.

Dans la montagne, aussi, le tumulte des cascades se tait et laisse place au subtil chant d’un ruissellement.

 

Le bassin gelé de cette cascade montre des cicatrices. Le processus de solidification ne s’est pas fait paisiblement. D’abord, des blocs se sont formés et se sont entrechoqués pour créer un atoll calme où l’eau a gelé de manière transparente, enfermant des bulles qui ont essayé à tout prix de s’échapper…

 

Pour que la glace soit parfaitement transparente et lisse, les conditions doivent être parfaites. Cela n’arrive jamais dans les cascades qui restent alimentées même l’hiver. À la place, la nature nous offre une symphonie de formes et de textures non-reproductibles. Un ensemble chaotique mais harmonieux.

 

De temps à autre, des vestiges d’une autre saison se retrouvent enfermés dans ce monde immobile. Seules touches de couleur et de vie passée, ces ruines végétales sont une bouée à la mer (de glace) d’une chaleur éteinte… Pour un temps.

 

Mais, si l’on est tenté de croire que, comme tout s’arrête, la nature ne crée plus en hiver. Nous, humains, avons ce stéréotype, poétique, j’en conviens, d’un monde en pause pour la saison froide.
Mais rien n’est moins vrai. C’est simplement qu’il faut aller chercher l’émerveillement dans les détails et non le grandiose. Plongez avec moi, dans le monde artistique de la glace…

 

Goutte après goutte, les cristaux recouvreront vite tout un monde sous leur glace. Ici, les bords acérés, à gauche, sont en marche pour rejoindre cette goutte ronde pétrifiée, à droite.

 

Les détails impressionnants de ces piliers gelés me rappellent des visuels d’œuvres de science-fiction.

 

Mais toutes les glaces ne sont pas faites de lignes aiguisées comme celles-là. L’ingéniosité de l’eau et du froid a une infinité de résultats.

 

Ici, la glace semble être givrée au-dessus d’un ensemble de bulles. Mais il n’en est rien ! Tout est parfaitement lisse et transparent. L’aspect givré est dû aux minuscules bulles emprisonnées près de la surface et vu sous un angle depuis lequel notre regard les confond. Je trouve ce rendu fascinant !

 

La glace se joue de nos yeux, crée d’infimes structures inspirant les plus colossales constructions, mais ce n’est pas tout. La glace est aussi artiste.

 

Que voyez-vous dans cette création? J’y vois un arbre multi-centenaire au sommet d’une montagne. Imagineriez-vous peut-être un bonsaï ? Autre chose ?

 

Cette œuvre est le travail des éclaboussures d’une cascade. Les gouttes gèlent les unes sur les autres pour, au final, matérialiser un cocon autour de la chute. Ce moment-ci est capturé pendant que la glace se bat avec l’eau liquide pour l’enfermer. En d’autres termes, c’est, avec ses moyens, la nature qui s’adonne à la sculpture éphémère.

 

Merci beaucoup d’avoir voyagé au coeur de l’hiver gelé et d’avoir observer la nature artiste à mes côtés. Je suis sûr que, près de chez vous, si l’hiver y est rude, vous pourrez aussi trouver de petites merveilles qui enchanterons vos balades. On se retrouve le mois prochain pour un autre blog hiver, inspiré par la neige et le givre…

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J’ai tourné une vidéo sur les clichés détails de glace, là voilà :

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À la prochaine! (et bonne année du lapin!)

 
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